EL IDRISSI Le Premier Géographe

La description d’El‐Idrissi de la puissance des gens d’Aghmat qui impressionna
et laissa un souvenir assez puissant .

Voici la description :

« Des localités du Souss à Aghmât, il faut compter six jours pour traverser les tribus berbères Masmuda (…) La route de Taroudant à Aghmat Warika passe au pied du Dran El’azâm (Grand-Atlas). Peu de montagnes dans le monde sont aussi hautes, aussi fertiles, aussi longues et aussi densément couvertes de cultures que celle-ci.(…)

La cité d’ Aghmat Warika est au Nord et aux pieds de la montagne, au milieu d’une vaste étendue de de sol excellent, couvert de végétation et de plantes et sillonné par l’eau qui y coule à droite et à gauche. Des sources coulent sur toute son étendue jour et nuit.

Autour de la ville, il y a des jardins entourés de mirs et de vergers remplis d’arbres touffus. Son site est un des plus magnifiques du monde, ses alentours sont riants et son sol est fertile. L’eau y est douce et l’air salubre.

Une rivière peu considérable qui traverse la ville, y arrive du midi et en ressort au Nord.
Elle fait tourner des moulins dans lesquels on moud du blé. On fait entrer les eaux dans la ville, les jeudi, vendredi, samedi et dimanche ; les autres jours de la semaine, on les détourne de la ville pour arroser ses jardins et ses terres, et aucune eau ne passe alors par celle-ci. La fonte des neiges a lieu vers la fin de l’hiver, et la neige descend alors le long de la montagne et devenue eau, elle coule jusqu’à Aghmat. Il arrive que la rivière gèle au milieu de laville à tel point qu’elle peut être traversée à pied : elle est tellement gelée qu’elle ne se rompt pas ; nous avons été plusieurs fois témoins de ce type d’hivers.

Les habitants d’Aghmat son des Hawwar, ce sont des Berbères qui le sont devenus par suite de leur voisinage avec ceux-ci. Ils sont riches et ce sont des commerçants aisés. Ils se rendent aux pays des Noirs avec un grand nombre de chameaux chargés de tonneaux de trésors de cuivre rouge et de cuivre coloré, de tissus, de vêtements de laine, de turbans, de manteaux, de différents types de chapelets en verre, en nacre et en pierre, de divers genres d’épices, de parfums, d’ustensiles en fer forgé.

Il n’y a pas d’hommes qui n’y envoie ses serviteurs et ses esclaves et qui ne dispose de caravanes de cent, quatre-vingts ou soixante-dix chameaux chargés.

Pendant la domination des Mulathamûn (Almoravides), il n’était pas de gens plus riches et dans une meilleure situation que les gens d’Aghmat. Aux portes de leurs maisons, ils plaçaient des symboles indiquant l’importance de leurs richesses….

A l’époque où nous rédigeons cet ouvrage, la plupart de ces trésors ont disparu car les Masmuda (Almohades) ont porté atteinte à ce que ces habitants possédaient par la force de Dieu. Malgré cela, ils restent riches, disposent de nombreux biens et ne se départissent ni de leur fierté ni de leur arrogance (…).

Toutes les denrées alimentaires y sont vendues à bas prix.

Au Nord d’Aghmât, à douze miles, on trouve Marrakech, fondée au début de l’an 470 (1062), par Yussef Ibn Tachfin, sur une terre qu’il avait acheté cher à des gens d’Aghmat.

L’eau dont les habitants ont besoin pour arroser leurs jardins est amenée au moyen d’une technique vraiment ingénieuse dont l’invention est due à ‘Ubayd Allah Ben Yunnis Al-Muhandis et qui n’est praticable que parce que la nappe phréatique est peu profonde et est atteinte en creusant peu au-dessus de la surface de la terre(…)

‘Ubayd Allah dirigea ses recherches vers la partie supérieure du terrain attenant à ce
jardin ; il y creusa un puits carré de large dimension, d’où il fit partir un canal à ciel ouvert ; il continua de creuser en descendant par degrés, du haut en bas.

La pente était telle que l’eau arrivait jusqu’au jardin en coulant au niveau de la surface de la terre et en la recouvrant par un processus ininterrompu. Celui qui observe le niveau du sol ne note pas le grand dénivellement, de la nappe phréatique à la surface, que nécessitel’extraction de l’eau ; mais il parvient à comprendre qu’il sait que la méthode réside ici dans le nivellement de la surface.

Le commandeur des croyants, Amir El Muminin apprécia son invention et le combla d’argent et de vêtements et lui ouvrit sa demeure pendant la période où il resta dans la ville. Les habitants de la ville voyant cela, se mirent à creuser la terre sans discontinuer pour amener de l’eau dans les jardins qui se multiplièrent tout comme les vergers, les cultures de Marrakech se densifièrent et son territoire devint fort beau, tout comme son aspect général.

Aghmat Aylan est une petite ville au pied du Grand Atlas et à l’Orient d’Aghmat Warika dont nous venons de parler. Ces deux villes sont éloignées de six milles. C’est dans cette ville-là qu’habitent les juifs de la région. C’est une belle ville, au territoire très fertile et jouissant du plus grand bien-être.

L’émir de Marrakech, Ali ben Yussuf, défendit aux juifs de s’établir dans la
ville ou d’y entrer à un autre moment que le jour.».

C’était la description d’ Al Idrissi ou Al-Idrīsī ou encore Charif Al Idrissi, de son nom complet Abu Abdallah Muhammad Ibn Muhammad Ibn Abdallah Ibn Idriss al-Qurtubi al-Hassani (arabe : أبو عبد الله محمد ابن محمد ابن عبد الله ابن ادريس القرطبي الحسني), connu aussi sous le nom latin de Dreses, est un géographe et botaniste, né à Sebta, l’actuel Ceuta, vers 1100. Il a grandi à Cordoue sous l’Empire Almoravide, et serait mort vers 1165 en Sicile.

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